parce qu'un sourire, c'est important ...

Publié le par - iris -


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La preuve !



Plaisanterie à part,  aujourd'hui c'est l'anniversaire d'Ibtissame. Elle a dix-neuf ans, pile un mois après moi, le 7 décembre. Pratique pour s'en rappeler...

    Ibtissame, c'est la seconde. Premier jour, une mauritanienne en jupe jaune or dans la cour du lycée, les yeux fixés, genre "Si tu me marches dessus je te mords", les cheveux qui tombent en frisant jusqu'en bas du dos. Ibtissame, c'est aussi le premier cours d'arabe : "Ibtissame Kahoua... ton prénom il veut dire sourire alors t'as pas intérêt à faire la gueule." Mais Ibtissame, c'est surtout l'internat, l'opération dance-floor dans le couloir, le tournoi de corde à sauter, le commando Vietnam (qui consiste à ramper ou à raser les murs pour que le détecteur de mouvement ne se déclenche pas), le toc-toc discret à la porte le matin pour s'assurer que tu es bien réveillée. D'où est d'ailleurs né le verbe "toc-toquer"...
    Ibtissame, c'est la première, séparées que nous sommes par un étage d'internat et une filière, puisque j'ai choisi la  littéraire voie des glandeurs et elle celle des bosseurs, celle des fous du travail (et par conséquent la voie de ceux qui se démerdent dans l'existence). Mais l'amitié qui nous lie reste inchangée, et malgré ses nombreuses heures de cours et de travail, son équitation et son judo, elle trouve toujours du temps à m'accorder pour parler, rire, manger du chocolat, jouer au foot dans l'internat et envoyer une poubelle d'eau froide à Marine pendant qu'elle prend sa douche... Le tout sur un fond d'histoire de pères. Car Ibtissame et moi n'avons pas que notre amour de la vie et notre bonne humeur en commun, nous partageons avec Fanchon des problèmes avec nos paternels respectifs, qui nous arrachent à notre adolescence de lycéennes et nous rongent sans que nous puissions rien y changer. A chacun sa croix, dit-on. Mais nous en partagerons le fardeau, aussi lourd soit-il.
    Ibtissame et la terminale, ce sont de joyeuses retrouvailles au même étage de l'internat, et les promesses de rires inextinguibles. Élue sans conteste table la plus bruyante du self le soir, nous communiquons à l'étage entier (parfois peu réceptif à nos tentatives d'animation, mais on les comprend) une énergie et des idées saugrenues. Mais la terminale, c'est l'année du C.P.E., alors on déconne un peu moins et on manifeste un peu plus. Ibtissame et moi, agoraphobes de la première heure, jouons aux soeurs siamoises en fin de cortège, inséparables, pendant que Fanchon et Marion se font nos porte-paroles à l'avant. Ce qui ne nous empêche pas de paraître au premier plan d'une une de la Nouvelle République, rien n'est parfait.
    L'an dernier, en fac de médecine, Ibtissame s'immerge dans le travail sans se noyer, s'épanouit, se tisse un réseau de nouveaux amis, mais n'oublie pas les anciens. On se voit moins, mais on partage toujours autant, les résidents du Resto U en sont témoins... Machine bien rodée et esprit brillant, mon petit sourire préféré est catapulté en tête de sa promo, et finit deuxième sur le millier d'étudiants en première année. De quoi être fier ...
    Cette année, Ibtissame, sa sérénité, son esprit d'écoute et son sang-froid en toutes circonstances me manquent. Mais je sais qu'elle est là, que dans son silence elle ne m'oublie pas, tout comme je pense à elle. On se retrouve parfois, bienheureux hasard, en manif (génération C.P.E. oblige) contre les franchises médicales. Et à Poitiers quand j'y reviens, bien entendu. Pendant mes séjours pictaviens, il me semble impossible de ne pas la voir.
   
Ibtissame me connait bien et m'a laissé la connaître.

Ibtissame, mon petit sourire, je voudrais éviter le déjà-vu et ne pas dire "ne change jamais". Au contraire, explore, continue à évoluer et à découvrir la vie, de tes yeux qui n'ont jamais regardé les conneries à la télé (car Ibtissame a grandi sans télévision, chose improbable dans notre siècle télé-assisté).

Ibtissame, mon petit sourire, je voulais juste te souhaiter un heureux anniversaire, mais en utilisant d'autres mots que ceux que les autres emploient, parce qu'ils sont trop usés, qu'ils en viennent à perdre leur sens. Je pense que tu as compris le message ...

Joyeux anniversaire.

Publié dans élucubrations

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