vidéosurveillance

Publié le par - iris -

Au dessus de nos têtes, les caméras de surveillance se multiplient. C’est le cas dans toutes les villes, et notamment à Marseille, qui semble être une terre d’élection du lobby sécuritaire  : autour de six mille caméras aujourd’hui, beaucoup plus demain.

Alors que le fichier Edvige a remis sur le devant de la scène la question du rapport fragile et complexe entre liberté et sécurité, nous devons prendre le temps de nous demander si, oui ou non, les dispositifs de vidéosurveillance sont liberticides. La réponse, en effet, n’est pas évidente.

Les sondages montrent qu’une grande partie de la population française -autour de 70%- est favorable à ces dispositifs. L’argument majeur a été souvent exprimé et repris par Jean-Luc Marx, préfet de police des Bouches-du-Rhône dans un entretien à La Marseillaise du 12 juin 2008 : « C’est rassurant pour le citoyen honnête. »

Un penchant naturel à se méfier les uns des autres

Si je respecte les lois, si je n’ai « rien à me reprocher », pourquoi craindre d’être filmé  ? Ainsi pense le bon sens. Minoritaires mais déterminées, de nombreuses voix s’élèvent à l’inverse pour dénoncer ces dispositifs. Associations, artistes, essayistes : nombreux sont ceux qui voient dans ces caméras l’ombre de big brother.

Entre adversaires et partisans de cette évolution « vidéo-sécuritaire », les positions seraient inconciliables  ?  Pourtant, tous semblent partir du même postulat, que Thomas Hobbes avait formulé au milieu du XVIIe siècle  : les hommes ont un penchant naturel à se méfier les uns des autres.

Même ceux qui nient théoriquement ce principe, argumente-t-il dans la préface de son ouvrage « Le Citoyen », le confirment par leurs actes  : chacun ferme sa porte à clef, cache ses objets de valeur, etc. « Peut-on témoigner plus ouvertement qu’on se défie les uns des autres  ?  », s’interroge Hobbes.

L’Etat fait-il peur  ?

La question de la vidéosurveillance est donc moins « faut-il se méfier  ?  que « de qui -ou de quoi- faut-il prioritairement se méfier  ?  »

Les partisans de cette multiplication des caméras se méfient avant tout de l’autre, de celui qu’on croise dans la rue et qui représente un danger potentiel pour nous. Ils s’inscrivent dans une lignée directement hobbesienne  : pour Thomas Hobbes, en effet, seul un Etat puissant, autoritaire et répressif peut, par la peur qu’il suscite chez les citoyens, supprimer la peur qu’ils s’inspirent les uns aux autres.

Cet Etat est selon lui la seule façon d’éviter le « guerre de tous contre tous » qui règne lorsque les humains sont livrés à eux mêmes. Anthropologie pessimiste, certes, mais qui, selon l’auteur du « Léviathan », est sans cesse confirmée par notre expérience des rapports humains.

Renoncer à sa liberté « naturelle », en acceptant d’être surveillé et éventuellement puni, est alors la seule façon d’assurer sa sécurité ou, pour le dire autrement, de survivre.

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