le pelleteur de nuages en un lieu incertain

Publié le par - iris -


Le nouveau roman

En fait, c’est exactement ça. La vie de Fred Vargas est très précisément comme son oeuvre, elle-même semblable à la psyché de Jean-Baptiste Adamsberg: une rationalité régulièrement fissurée par des fulgurances, un flegme serein car hyper-rusé, une folie contenue car guidée par une obsession vitale. Un lieu incertain.

Si Fred Vargas tient la forme, c’est aussi parce que, tous les deux ans, elle donne vie à Jean-Baptiste Adamsberg, directeur de la police criminelle à Paris. Un obstiné de la déambulation et du rêve ("pelleteur de nuages"). L’enquêteur parfait pour un roman, pour qui tout est dans tout. Le mec tordu avec qui on est toujours perdu, mais avec qui on aime se retrouver.

"Un lieu incertain" n’a peut-être pas le degré de stress romantique de "L’homme à l’envers" ou de "Pars vite et reviens tard", mais il témoigne d’une belle évolution : une intrigue plus tordue encore, des temps morts originaux, et une avancée de la folie dans le monde de la logique.

La romancière, la chercheuse, la femme

Côté pile: onze romans auquel il faut ajouter quatre ou cinq autres ouvrages. Côté face: une femme qui est "archéo-zoologue" au CNRS depuis 1986, s’intéressant plus particulièrement aux ossements du Moyen-Age occidental. Un intérêt pour le squelette dont on sait qu’il irrigue presque tous les romans de Fred Vargas.

Au final: une femme qui vit entre obsession, engagement, fidélité, rationnel et irrationnel, et perpétuelle surchauffe créative. Ainsi, en 2006, alors qu’elle préfaçait avec Bernard Henri-Lévy le livre que Cesare Battisti avait envoyé du Brésil ("Ma cavale"), la scientifique avait présenté aux autorités ministérielles compétentes un projet de… cape de protection contre le virus de la grippe aviaire. Un projet testé, crédible, mais abandonné. Fred Vargas avait déjà passé quatre ans à étudier un autre virus, celui de la peste, et avait aussi publié un ouvrage sur ce sujet, "Le chemin de la peste, le rat, la puce et l'homme".

La serial selleuse

Avec son approche des bons sentiments dénués d’angélisme et d‘idiotie, et malgré un côté "happy end" volontairement maquetté grand-public, Fred Vargas est une de ces auteurs qui lient qualité littéraire, haut niveau intellectuel et littérature, justement, "grand public". Il y a une Vargas touch (subtil mélange d’humour, de folie macabre, de tendresse, de culture et d’obsession de l’insolite). Et un Vargas phénomène. Entre 1987 et "Les Jeux de l'amour et de la mort" (dont elle n'est pas fière) et ce nouveau roman vingt-et-un ans après, un monde s’est ouvert. "Dans les bois éternels" (2006) s’est vendu à 425000 exemplaires. Le record est, évidemment, "Pars vite et reviens tard" (2001): 860000 acquéreurs. A ce jour.

 

Un Lieu Incertain, sortie le 25 juin

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