outside man

Publié le par - iris -

«  L’homme étendu sur le pavé pouvait avoir une quarantaine d’années ; il avait l’aspect lourd et gauche, le visage brutal et puissant du vagabond professionnel. On eût dit que, sur cette face couturée et ravagée, l’inexorable cruauté des intempéries, de la misère, de la dégénérescence physique avait laissé sa dure marque au cours des années où le vagabond avait erré dans tous les sens à travers le pays, jusqu’à ce que les traits de l’homme revêtent une sorte de brutalité épique où était nettement empreinte la légende de cieux solitaires et d’effroyables distances, de roues en mouvement et de rails luisants, de rouille, d’acier, de rixes sanglantes et de la terre inexorable et farouche.
(…)
Son vieux chapeau était tombé, découvrant sa tête chauve. Cette tête chauve avec, de chaque côté, sa frange de cheveux clairsemés, donnait à la figure énergique et brutale un suprême aspect de dignité et de force qui avait je ne sais quoi d’effrayant. On eût dit cette expression puissante et solennelle que l’on remarque au cirque sur le visage de ces athlètes en train d’accomplir un travail difficile au trapèze, et qui, d’ordinaire, sont chauves.  »


Thomas Wolfe, De la mort au matin
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